Jonathan Allard

Le péage automatique du pont de l'A25

La semaine dernière, la Cour supérieure a autorisé Union consommateurs à déposer un recours collectif contre Concession A25, dans le cadre de ses opérations du pont à péage qui relie Montréal à Laval.

Le fonctionnement du péage est relativement simple: vous passez sur le pont avec votre véhicule, chaque véhicule a une plaque, et une caméra se charge de noter chaque numéro de plaque pour vous envoyer la facture.

Pour les utilisateurs fréquents, ils peuvent s’abonner au préalable auprès de A25 pour “ouvrir un compte”. Ouvrir un compte permet de recevoir de la part d’A25 un transpondeur, qui identifie les véhicules par le biais des ondes. Cependant, ouvrir un compte comporte une multitude de “frais de gestion” comme un frais initial de 50$, des frais mensuels de 1$ ou 2.50$, selon si le compte est en mode “réapprovisionnement automatique”, en plus de devoir maintenir un solde minimal. J’ai déjà hâte d’en avoir un.

Chaque passage coûte autour de 1.80$, selon la période de pointe. Cependant, si vous avez le malheur de ne pas ouvrir de compte avant votre passage (avec tous les avantages que ça a), on vous facture cinq dollars (5$) additionnels de, vous l’aurez deviné, frais d’administration. Ces frais sont, en apparence, pour faire l’identification par l’entremise de la SAAQ de votre plaque.

L’objet du recours collectif, ce sont justement ces frais. La Loi sur la protection du consommateur québécoise force les commerçants à afficher le prix total, frais inclus, de façon la plus prédominante. Or, c’est le prix par passage sans les frais qui est affiché, le 1.80$.

Une simple consultation

Ce qui me choque personnellement, c’est qu’on puisse justifier des frais de 5$ pour un vulgaire “lookup”, une simple consultation.

Au voir des documents sur le site d’A25, même s’ils ne font pas de consultation à la SAAQ, c’est 3$ (ce qu’ils appellent un “passage vidéo”, si je ne me trompe). La partie SAAQ coûterait donc, en théorie, 2$.

Ce qui ne me revient pas, c’est comment A25 peut s’en tirer à facturer 3$ pour entrer un numéro de plaque dans la base de données et en ressortir avec un nom et une adresse. Même cri d’alarme du côté de la SAAQ. L’opération dont on se parle, pour A25, est la suivante:

  1. Identifier les lettres et chiffres qui sont sur la photo
  2. Entrer ces caractères, en tant que valeur, dans une base de données pour consultation
  3. Obtenir le résultat de la consultation

En SQL, simplement, on exécuterait potentiellement:

SELECT * FROM vehicles WHERE plaque = '123ABC';

Rien qui justifie 2$, encore moins 3$, pour cette consultation, qui en coûte vraisemblablement quelques cents pour chaque véhicule additionnel. J’exclus bien entendu les coûts de développement et d’implantation du système.

Il y a certes des contraintes de sécurité et d’audit qui font partie de l’équation, mais encore là, rien qui justifie un tel coût.

Pour l’identification visuelle des caractères, c’est-à-dire la conversion de données photographiques en une chaîne de caractères, dans les faits je ne sais pas si ce travail est fait manuellement.

On a entendu parler dans les dernières années, d’un dispositif qui fait exactement ce travail pour les policiers. Un appareil était installé sur le toit de leur auto-patrouille, qui détectait en temps réel si untel qui passait devant avait payé ses droits d’immatriculation ou de permis, peut-être.

Et même si c’était fait manuellement, une heure d’un travailleur à salaire minimum arriverait à en lire une à chaque trente secondes. Pour un espèce de 0.10$ la pièce.

J’arrive donc à la conclusion que c’est un montant disproportionné pour une telle opération. Alors, à ce moment, le capitalisme dicte qu’un consommateur faisant face à un prix trop cher ira voir la compétition. Ceci est assumant qu’il connaît le prix. Si le prix est trop haut mais qu’on cherche à le camoufler, un recours collectif n’est peut-être pas étonnant.